3 days ago
Quelles sont les solutions ?
Si les péages sur les infrastructures ou autour du centre-ville ne sont pas envisageables, comment fait-on pour renflouer les coffres liés aux infrastructures ?
Il existe quelques pistes de solution.
La taxe sur l'essence pourrait simplement être augmentée, mais encore une fois, il s'agit d'un geste très difficile à faire politiquement, souligne Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville.
Et les conducteurs de véhicules électriques seraient épargnés, alors qu'ils utilisent le réseau routier et participent à son usure. Taxer la recharge électrique s'avère complexe, puisque beaucoup de personnes rechargent leur véhicule à leur domicile.
Danielle Pilette, professeure spécialisée en gestion municipale au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l'ESG-UQAM, croit qu'une part de la solution se trouve dans la taxe sur l'immatriculation, variable en fonction du type de véhicule immatriculé. Celle-ci tarife la possession d'un véhicule ainsi que le type de modèle choisi, mais ne prend pas en compte la distance parcourue.
La solution la plus porteuse pourrait se trouver dans les péages basés sur une utilisation globale du réseau routier, soit le péage kilométrique.
Il s'agirait de facturer une somme qui augmenterait avec le nombre de kilomètres parcourus.
« Je pense que c'est l'avenir. Dans 5 ans ou 25 ans, je ne saurais pas vous dire. Mais avec la disparition potentielle des recettes de taxe sur les carburants et les complexités à tarifer les voitures sur leur usage de l'électricité, ça fait en sorte que si on veut financer adéquatement les infrastructures et faire contribuer les usagers comme on le faisait avec la taxe sur les carburants, de plus en plus les pays se tournent vers des mécanismes de taxes kilométriques », dit Jean-Philippe Meloche, professeur à l'École d'urbanisme et d'architecture de paysage de l'Université de Montréal (UdeM).
Singapour devrait l'an prochain en implanter un, qui sera intéressant à observer. « On peut supposer qu'une voiture serait obligatoirement connectée sur un réseau pour pouvoir circuler sur des voies publiques », dit-il. Les informations de circulation – dont il faudrait protéger la confidentialité – permettraient de tarifer l'usage selon la distance parcourue et le prix des infrastructures utilisées. « Ce n'est pas demain matin qu'on va voir ça », concède-t-il.
Les camions sont déjà tarifés de cette façon en Europe centrale sur les artères principales.
Une telle refonte pourrait être l'occasion de revoir la façon dont on conçoit les infrastructures routières en relation avec le Trésor public, indique Jean-Philippe Meloche.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Jean-Philippe Meloche, professeur à l'École d'urbanisme et d'architecture de paysage de l'Université de Montréal
Il y a des pays dans le monde où le réseau routier est une ponction du Trésor public. Puis il y a d'autres pays où le réseau routier est un contributeur net au Trésor public. Ça, c'est une vision qui est très différente de la nôtre.
Jean-Philippe Meloche, professeur à l'École d'urbanisme et d'architecture de paysage de l'UdeM
D'une façon ou d'une autre, il va falloir financer le tout. « Ça va devenir incontournable. Les partis politiques vont probablement essayer de gagner du temps, on va retarder la situation, mais on s'en va dans un mur du point de vue des infrastructures », affirme Christian Savard.
D'abord, il y en a plus qu'avant à entretenir, et les travaux coûtent de plus en plus cher.
La taxe sur l'essence ne fournit pas à tout payer, à cause de l'explosion des coûts ainsi que de l'arrivée des véhicules électriques qui diminue cette source de revenus.
« Pendant des années, le Fonds des infrastructures terrestres de transport (FORT) était autosuffisant, il y avait assez de revenus pour payer les dépenses de nos infrastructures. […] Ce n'est plus le cas, on a recommencé à prendre des sous des taxes générales », dit-il.